Comment, en tant que sujet, nous pouvons construire une image objective de la réalité? Comment définir l’équilibre entre la psyché et la science? Quels sont les mécanismes de la perception considérés acceptables pour déterminer ce qui est vrai de ce qui ne l’ai pas?
Citer en tant que : Nathalie PEGUERO: Réflexion à haute voix : « La construction de notre réalité 4.3 » Coll. Quête sur la nature du Temps Ed. WordPress on line. 2009
L’être humain n’est qu’un observateur à la perception restreinte…
“La perception n’est pas le constat d’une réalité objective, elle est la négociation d’une présence au monde.” disait Derrick de Kerckhove.*
* Interview dans Libération – 29 septembre 2001
A travers nos perceptions nous construisons une représentation détaillée et fonctionnelle de la réalité dans laquelle nous positionnons notre existence. Dans cette exercice nous gardons une « relation blanche » avec nos sentiments. N’acceptant pas la possibilité d’une construction émotive et subjective, nous élaborons un discours sans émotion qui prend l’apparence d’objectivité. Une allocution dite factuelle, qui verbalise des mots pauvres en sensation et qui s’appuient sur des méthodes de mesure acceptées par une communauté scientifique, garante de l’objectivité.
Logique et perception scientifiques nourrissent notre manière de penser la réalité. Les mécanismes de raisonnement, le langage, la mémoire, l’instinct sont autant d’éléments internes à l’être humain, liés à notre psyché qui nous éloignent d’une conception objective de la réalité. Mais si le plus souvent nous réagissons à des stimulations extérieures en les confondant avec les objets eux-mêmes, nous apprenons à travers les différents mécanismes de cognition à faire la part des choses.
“Les phénomènes perceptifs ne possèdent pas d’échelle de mesure continue. Ce sont avant tout des phénomènes temporels (…) Chez l’humain, l’ouïe et la vue sont les deux sens qui nous transmettent des informations les plus importantes sur le temps et sur l’espace; mais l’inégalité entre les rayonnements sonores et les rayonnements lumineux est pour beaucoup à l’origine d’une flagrante inégalité entre ces sens.”*
* Extrait de Wikipedia
A l’image d’un filtre qui ne laisse passer qu’une partie des informations, notre système de perception est limité par les niveaux de rayonnement: les fréquences. Selon le domaine ou autrement dit le sens, le spectre de perceptibilité varie: cela est valable autant pour la lumière que pour le son ou que l’appréhension des dimensions spatiales.
Quand une lumière blanche rebondit sur un papier bleu, celui-ci absorbera le jaune, le rouge et l’orange réfléchissant des couleurs violettes, vertes et bleues (couleurs que nous seront capables de percevoir à défaut des autres retenues)
Pour les sons, la science nous explique que la gamme de fréquence de la parole se situe entre 150 Hz et 8.000 Hz ; l’oreille devant percevoir d’autres sons que la parole, a une gamme plus étendue se situant en moyenne entre 100 Hz et 18 kHz. Un autre paramètre qui a son importance est l’amplitude ou puissance du son, un murmure à 3,5 kHz à peine perceptible à l’oreille d’une personne se situant à 1 mètre de la source sonore et ne sera plus perceptible à 5 mètres.
En dessous des fréquences habituellement perceptibles à l’oreille humaine se situent les infrasons et celles situées au-dessus du seuil de perception s’appellent les ultrasons.
Tous les animaux n’ont pas la même gamme de perception que l’humain. Le chien par exemple perçoit aisément des fréquences supérieures à 18 kHz, elles peuvent monter suivant l’âge et la race jusqu’à 30 kHz. Notons encore que les sons se transmettent très bien dans l’eau, la vitesse de propagation est pratiquement quatre fois plus grande que dans l’air. Cela permet donc aux mammifères marins de communiquer par les sons.
Pour la lumière et la chaleur, en gros tout dégagement d’énergie dont la fréquence est comprise entre 30 THz et 600 THz fait partie de ce que nous appelons le spectre lumineux. Le spectre visible, lui, va de la couleur rouge à la couleur violette en passant par toute la gamme des oranges, jaunes, verts, bleus… soit de 400 à 700 Hz. Pour percevoir le reste du spectre lumineux nous avons créé des nouvelles technologies (radars thermiques, sondes, des optiques pour infra rouge…) De ce fait nous sommes capables de percevoir des donnés allant des ondes radios aux rayons cosmiques (la longueur d’onde variant de 1012 à 10-6 )
Quand à la dimension spatiale, elle relève un autre type de limitation que celui de nos capteurs de fréquences. La perception de l’espace et du temps apparaît alors comme étant entièrement relative au sujet. Mais en même temps, il existe une loi simple de déformation de l’espace et du temps commune à tous : l’oeil. Par essence l’oeil produit un monde intérieur relatif, c’est-à-dire qu’il réalise une représentation de ce qu’il voit sur une surface courbe, donc ayant ses propres métriques, une métrique homothétique* reposant sur une expression très très simple (la somme des termes d’une suite géométrique: longueur, largeur et profondeur ou épaisseur). Le perçu (métrique courbe) est appliqué dans le réel, aussi toutes les structures de l’homme reposeraient sur cette métrique perceptive. De plus l’oeil est contraint non seulement à une gamme de fréquences mais aussi à un angle de perception.
* L’homothétie est une transformation géométrique d’un espace
qui garde fixe un point central et dilate les distances tout en gardant les angles intactes.
La réalité captée par d’autres spécimens vivants comme les papillons ou les mouches leur permettent de créer des manifestations de la réalité distinctes de la nôtre… et pourtant le référant est le même.
Le chemin parcouru depuis la stimulation sur le plan physique (lumineuse ou sonore) et la sensation soit visuelle soit auditive dans une dimension sensorielle, le décodage qui fait intervenir le plan cognitif pour terminer dans la représentation (structural, sémantique, …) une quantité illimitée de filtres naturels s’interposent.
Nous ne pouvons donc qu’être conscients que notre système de perception est bridé et que tout ce que nous créons pour tenter d’avoir l’approche la plus objective possible reste encore limitée par un dernier filtre que nous ne pouvons dépasser: la vitesse de propagation de la lumière.
Aucune affirmation ne peut se déduire de ce qui n’est pas perçu, ni l’existence ni la non-existence, mais uniquement des hypothèses tenant compte de deux variables possibles (0, ± 1).
@Regards de Femme// Quête sur la nature du Temps
np©nathalie.peguero 16/08/2009
Citer en tant que : Nathalie PEGUERO: Réflexion à haute voix : « La construction de notre réalité 4.3 » Coll. Quête sur la nature du Temps Ed. WordPress on line. 2009
Faut-il conclure que chacun vit dans son plan de réalité?
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Bonjour Jean Paul, je pense effectivement que c’est le cas. Nous partageons certains piliers qui servent de repère, certaines conventions nous permettent d’affiner la communication et la vie en société, mais la notion de réalité reste, à mon sens, beaucoup plus fragile.
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