Est-ce possible que la vertu dans la société ne soit qu’une illusion de nos ancêtres? Pourrions-nous identifier un dénominateur commun, indivisible, qui servirait de base à une nouvelle civilisation? Un, qui ne serait pas la croissance mais l’équilibre? Où l’amélioration de soi et la quête d’harmonie seraient indispensables à la vie? Où le stress et la culture du résultat seraient remplacés par la recherche d’un état de calme qui favoriserait les actions naturellement? Où la progression ne serait pas de l’objet mais du sujet? Où l’accumulation serait remplacée par le flux et le partage?

Pour savoir si la quête d’harmonie peut devenir un dénominateur commun indivisible d’une société, nous devons examiner ce que toutes les sociétés ont en commun. Que le système soit socialiste ou capitaliste, religieux ou athée, tribal, dictatoriale ou démocrate,…il y a deux éléments qui se répètent: le pouvoir et la reconnaissance.

Dans notre société cela fonctionne par l’acquisition de biens, l‘accumulation qui reçoit le nom de prospérité. Plus on amasse et plus on a de pouvoir. Plus vite on amasse et plus on a de reconnaissance. Dans le système capitaliste la notion de reconnaissance est étroitement liée à la notion de temps. Ce facteur accélérateur du temps lié à la culture du résultat engendre la maladie la plus répandue de cette €co-système social: Le stress qui, en accentuant mène l’individu à la dépression.

Par définition, les gens qui ne peuvent pas gérer le stress et qui tombent** en dépression sont des êtres non désirables du fonctionnement capitaliste: soit le système en tire profit (psychologues, traitements, recherche pharmaceutique, hospitalisations,…) soit les êtres sont isolés et “détruits” (ou laissés à leur sort).

Le nombre de dépressions, de suicides et de stress nous indique le niveau d’adaptation de la société au système en place. La société capitaliste tente d’évaluer et de chiffrer le niveau moral des individus; mais encore une fois en s’appropriant la problématique à travers son propre prisme de compréhension: les enquêtes dites “le moral des consommateurs”.

Dans d’autres civilisations, l’acte de bravoure était récompensé par des terres et des logements; la sagesse l’était par une proximité au pouvoir, de l’audience,… Le logement, la nourriture, la sécurité, la reconnaissance de son utilité dans la société, la progression personnelle (amélioration) ou encore le plaisir sont autant de besoins élémentaires que l’être humain nécessite combler pour acquérir le bonheur.

Le stress et la dépression se manifestent comme étant un déséquilibre profond de l’être humain. Il se sent obligé à agir constamment, plus vite et en produisant un résultat performant en croissance constante. L’impact de ces maladies du capitalisme se fait sentir à travers un abandon de l’action de progression, voir de contre productivité (de décroissance). A ce qui s’ajoute un abandon à titre personnel de son alimentation, des relations et interactions humaines, de la gestion de biens, … tout cela peut mener les êtres à des pertes de logement puis à un sentiment d’ insécurité qui pousse l’individu au suicide qu’il soit physique, moral ou sociétaire.

Ces maladies anéantissent l’être humain par l’élimination de ses besoins primaires. C’est l’abus du système, sa dimension d’action qui mène l’être humain à ses propres limites, ce qui provoque stress et dépression. Ces maladies enveloppent l’être humain dans la douleur, le chagrin jusqu’à sa propre destruction. Et cela lui impose une privation de plaisirs régénérateurs. La quête du bonheur à travers le principe de croissance “objective”*** poussée à l’infinie comporte dans un monde limité la réussite d’une extrême minorité Vs anéantissement d’une grande majorité.

L’auto régulation du système oblige cet €co-système à être en constante évolution provoquant des variations aux niveaux des élites tel un jeu de chaises tournantes. Ce qui entretient l’espoir des classes inférieures à être promues.

Voulons-nous d’une société où le bonheur ne dépend que de la volonté de quelques uns?

Il devient indispensable d’introduire une alternative vitale à ce système. L’auto destruction de l’espèce humaine et de la nature qui la crée est une projection naturelle de la société capitaliste. La survie de l’espèce passe indéniablement par une remise en question, et par une profonde rénovation du mode de pensée et d’action de chaque être. Le progrès doit s’approcher d’une dimension humaine plus axée sur le sujet. La croissance doit lâcher prise l’objet et doit avoir comme but, qu’avec son entourage (relationnel et naturel), les échangent doivent s’imbiber d’une dimension virtuose. Et face à l’attachement, l’être humain doit apprendre que “rien n’est contant si ce n’est le changement”, comme disait Xénophane.

La santé des individus est une des bases fondamentales pour garantir la santé d’un état. Et ce sera la santé morale et psychologique, qui va servir de barème pour comprendre l’adéquation des individus au système existant mis en place.

Est-ce possible d’anticiper les pics d’activité des régulateurs capitalistes? Sous une première approche, leur action semble aléatoire et capricieuse répondant à des forces ou des flux non visibles et difficilement compréhensibles depuis l’extérieur du flux. Mais si la distance est plus importante, ne pouvons-nous pas desceller un schéma tel le fractale (théorie du chaos)?

D’autre part nous avons vu que le temps ou la gestion du temps dans un système capitaliste a tendance à se comprimer. Autrement dit, pour que la performance soit optimale, voire dans l’excellence, le nombre d’action par seconde doit être supérieur à chaque instant (comme la course à la performance des processeurs). Cette accélération du temps, artificielle, habite et gère la santé de l’être humain. Le déphasement provoque l’apparition du stress. Cette non adéquation entre le temps d’excellence capitaliste et le temps vital humain rend malade la société et a un impact direct sur la performance et sur la fracture sociale.

Ce que le système capitaliste voit comme des temps morts, sont des périodes nécessaires à l’être humain pour maintenir un état salutaire: le capitalisme cherche à supprimer les périodes hivernales, tirant sur la plante pour qu’elle pousse plus vite.

A l’image des végétaux, la santé humaine est rattachée à un temps cyclique et ondulatoire. Or le capitalisme tente d’imposer un temps linéaire ascendant.

* Les expériences vécues n’auront de valeur que si elles sont acquises et transformées en règles de vie, et suivies quotidiennement. Quand les valeurs acquises s’opposent au système, l’individu ressent le décalage avec la société.

** Je relève certaines connotations liées à cette expression qui dit bien TOMBER, une action non volontaire, qui implique une passivité et un manque d’auto estime Vs l’action volontaire désiré du système qui s’inscrit dans la dynamique constante (la course, le mouvement) et la fierté (tête relevée).

*** Dites de l’objet, via une cible établie: l’objectif

@Regards de Femme// Les Pensées Akelarre np©nathalie.peguero
11/10/2009

Citer en tant que:
Nathalie PEGUERO: Reflexion à haute voix: « Le décalage sociétaire: Vertu ou refus de l’inconscient? 1.9 » Coll. Les Pensées Akelarre Ed. WordPress on line. 2009

rythme humain

Temps cyclique et ondulatoire temps naturelle de l’être humain en rouge;
Temps linéaire et ascendant temps naturelle du système capitaliste en noir.

temps intérieur Vs Sociétal

Temps vitale humain en bleu;
Temps d’excellence capitaliste en noir.

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