Eloigner l’attention des décisions importantes dans une période où les frustrations prennent le pas sur la société en crise, semble une vieille idée romaine. Mais à la place de faire des jeux et sortir les lions, pourquoi ne pas jouer la carte du vieux tricheur ? Celui qui dévie le regard de son opposant pour faire passer son jeu. Vous avez dit obsolète, trop évident…? En le regardant de plus près finalement cela ressemble plus aux enjeux chrétiens-lions…
2012 : C’est la gauche qui est au pouvoir. La crise est là depuis 2008. La situation financière est compliquée. Le moral est en baisse, des décisions politiques importantes doivent être prises mais elles ne sont pas populaires et le mal-être de la société peut dégénérer… alors, telle une soupape pour évacuer la pression, le gouvernement bascule le débat sur le mariage pour tous!! Les passions s’enflamment, ceci crée du bruit, des manifestations, des actes de violence… L’attention est déviée.
Mais je fais appel à votre mémoire : au temps de la droite … Qu’est devenue la commission sur le débat de l’identité nationale ?
Voilà un autre bon débat : la restriction de la fierté individuelle à l’image d’état, une nation, un pays, … un payeur d’impôts (participation à la solidarité…??)
L’opération politique à la base, peu subtile, fonctionne de manière surprenante: elle provoque une division du pays et active les mentalités d’extrême droite. Ceci fonctionne dans les deux exemples cités.
Cette manoeuvre fait oublier des affaires peu nettes, des polémiques et d’autres scandales qui basculent dans l’ombre pour disparaître. Elle est également là pour permettre des décisions plus sensibles de passer car le sujet va servir de monnaie d’échange. Le discours axe le “débat” sur des concepts qui devraient être “obsolètes” (la nation Vs l’espace européen ou l’égalité des droits) dans un univers où la globalisation est maître du monde et l’équité, un besoin démocratique inextricable (modulé par le besoin de paix sociale).
Effectivement cela se présente sous forme de débat, de consultation, mais regardons de plus près ce concept : débat implique avoir le choix. Mais avons-nous vraiment le choix sur notre identité, la cohésion sociale, le lien social …ou l’identité européenne ? Nous avons le choix de décider si nous voulons participer ou pas au débat, mais la décision finale est en réalité dans les mains de la majorité. Peu importe la partie la plus puissante, la décision se prend ailleurs et elle ne sert qu’à négocier.
Nous devons également constater, qu’aussi bien le débat sur l’identité française était plus une manière détournée d’aborder un sujet plus brûlant qui agitait les pulsions (plus qu’un vrai sujet d’identité il s’agissait d’un concept pour gérer l’intégration des étrangers et la gestion d’ immigration et le racisme), le débat sur l’égalité du mariage agite aussi les passions de différentes communautés (autour des droits des enfants, de la communauté homosexuelle et de la xénophobie).
Dans les deux cas nous avons une communauté (étrangers ou homosexuels) dont les droits sont bridés dans un pays qui agite les mots d’égalité et de fraternité comme bannière identitaire. Dans les deux cas la communauté d’opposition est violente autant en mots qu’en gestes. Elle appuie ses raisonnements sur des stéréotypes et sur une mentalité archaïque puis elle refuse le changement déjà concret et réel de la société. Comme si le fait de nier effaçait la réalité.
Le dialogue de sourds fait monter les pulsions jusqu’au débordement de violences physiques qui s’en suivent, d’une communauté agressive envers la communauté dont les droits sont déjà amoindris.
Une autre particularité de cette manoeuvre politique, est la couverture du sujet. Directement impactées ou pas par le sujet, toutes les personnes ont un avis sur la question (soit la question de surface, soit la question de fond). Plus ou moins passionné, tout le monde pense “quelque chose” sur le sujet.
Cette génération de conflit a également une autre utilité qui est la libération des frustrations par l’expression de la violence (verbale ou physique). La majorité se présentera comme pacificateur, sans pour autant prendre trop de risque face à la paix sociale.
En résumé, cette manoeuvre politique de détournement d’attention fonctionne toujours aussi bien car elle est universelle (tout le monde a un avis). Elle agite des passions et libère des tensions par la violence, elle divise des communautés d’un pays et le gouvernement arrivera comme conciliateur. Elle porte le sujet sur une communauté maltraitée par le droit, elle a en face une communauté agressive et radicale, elle se présente avec une approche indirecte et ouverte au débat. Elle sert pour masquer d’autres événements. La décision est dans les mains de la majorité et sert de monnaie d’échange pour faire passer des dossiers plus sensibles.
Alors finalement nous pouvons constater que les jeux sont ouverts !
@Regards de Femme// Les Pensées Akelarre np©nathalie.peguero
27/11/2012
Citer en tant que:
Nathalie PEGUERO: Reflexion à haute voix: « Les Jeux sont ouverts 1.15» Coll. Les Pensées Akelarre Ed. WordPress on line. 2012