Nous avons souvent l’illusion que la réalité est une notion pérenne et immuable quand elle est en constante évolution. Sa définition basée sur le concept de vérité extrapole l’idée que la vérité est perpétuelle quand celle-ci dépend du cercle de connaissances et de croyances. De ce fait, la réalité est une notion en constante reconstruction.

Planète Aresquiers
Définir la réalité nécessite un point de vue, la redéfinir implique un changement de perspective. Photo « Planète Aresquiers » par Eve-Marie

 

 

France, 1846. Urbain Le Verrier prit sa plume et la trempa dans son petit réservoir d’encre:

« Cher Monsieur Galle  » … il fit une rature et recommença son brouillon.

« Dear Mister Galle  » … il s’arrêta. Devait-il la rédiger en allemand?

Il regarda par la fenêtre. Le ciel était sombre, la lune n’était pas visible mais les étoiles étaient reines de la nuit. Et là-haut, quelque part au fin fond du ciel, se trouvait la planète Uranus, perturbée, avec cette trajectoire qui ne pouvait s’expliquer que par la présence d’un objet à proximité qui exerçait une forte attraction sur elle, une attraction gravitationnelle.

Il devait le dire à Galle.

23 septembre, Berlin. Le facteur glisse une enveloppe dans une boite aux lettres, sur l’étiquette, un nom, celui de M. Jonathan Gottfried Galle.

Quelques jours plus tard, la Une des journaux annonce la découverte de Neptune!

Ça ne sera que plus tard, dans les années 30 (1930), que les astronomes suivront une nouvelle fois le même raisonnement. Si certaines étoiles ont un mouvement anormal c’est qu’il y a une substance qui les attire et les dévie. Ainsi naîtront les hypothèses de la « matière noire » et de « l’énergie sombre ». Pour les scientifiques, les deux concepts sont bien distincts.

D’un côté la « Matière Noire », dotée d’une dimension « tangible », formée de particules invisibles qui occupent l’espace de manière variable. De l’autre côté, « l’énergie sombre », tout autant invisible directement, est uniforme et s’inscrit dans la trame de l’espace participant activement à l’expansion de l’Univers.

La « Matière Noire », en voilà un drôle de concept… et si ce n’était qu’une question de réglage des instruments d’observation? Et si c’était juste parce ce que nous ne regardions pas de la bonne manière? Visible dans un futur proche ou pas, cette « Matière » ne reste pas pour autant moins intéressante. Les scientifiques espèrent découvrir ce plan caché de l’Univers et trouver une kyrielle de particules exotiques qui interagissent, créant des règles nouvelles, des forces nouvelles et des structures nouvelles.

Italie. Début du XXème siècle. Cela fait des années que Fernando Fermi cherche à comprendre ladite « Désintégration Beta ». Une idée tournoie dans sa tête depuis des semaines, des mois,… Chaque nuit, des idées s’envolent et d’autres naissent. Et si…

Désintégration Beta,… les particules de la matière visible interagissent avec d’autres particules qui exercent une action sur l’intégration de celles-ci.

Fermi imagina que cette action devait être similaire à l’électromagnétisme. Elle devait être de faible intensité, éventuellement faite indirectement par des particules médiatrices, celles-ci ne pouvant se voir.

 » Six fois!  » Se dit Fermi.

 » Les médiateurs doivent donc porter le poids du message… ils se doivent être lourds! Plus ils sont lourds, moins ils vont loin, … c’est pour cela qu’on ne les voit pas! … Si je prends un photon… »

La craie tapotait sur le tableau pendant qu’il écrivait les signes et les lettres de sa formule.

 » Oui, c’est ça! Cent fois !! … Les médiateurs devraient faire cent fois le poids d’un photon. »

C’est ainsi qu’il commença à imaginer ces particules médiatrices.

Le raisonnement se prolongea à la « Matière Noire ». Si la « Matière Noire » est là et que nous le savons, car nous avons vu des mouvements étranges dans les étoiles, c’est parce que la Matière Noire et la Matière Baronnyque (matière visible) interagissent.

Comme on ne peut pas voir la Matière Noire, cela implique quelle doit utiliser des messagers, donc des médiateurs et comme ces derniers sont proches de la matière visible, ils devraient être observables. Les messagers de Fermi correspondent aux messagers de la « Matière Noire »!

Les observations avaient confirmé la suggestion que la Matière Noire devait faire au moins six fois le poids de la matière visible. Ce ne sera qu’en 1980 que la force intermédiaire imaginée par Fermi et les particules médiatrices seront découvertes. On les connaîtra sous le nom de « Interaction faible » puis « Boson W » et « Boson Z » pour les particules médiatrices.

Il ne s’agissait pas de « Matière Noire » mais de ce qui avait été découvert comme étant le plus proche. Les propriétés de ces particules laissaient entendre qu’il y avait autre chose derrière, cette autre chose qui augmentait leur poids.

Ils imaginèrent alors les « mauviettes » (WIMP en anglais), des particules de « Matière Noire » participant à « l’interaction faible » du côté obscur de la force (Weakly Interacting Massice Particule). Ces WIMPs devaient être particulièrement indifférentes à l’énergie électromagnétique constitutive du monde visible. De ce fait, ces faibles petites « mauviettes » seraient du coup invisibles.

Les scientifiques avancent l’hypothèse que ces particules ont été produites lors du « Big Bang » ( théorie de la naissance de l’Univers ). Dans les premières nanosecondes qui suivirent la naissance de notre univers, la quantité de collisions a fait que les WIMPs se sont multipliées et détruites. L’Univers se refroidisse, la quantité d’énergie s’est réduite en favorisant l’apparition des « mauviettes ». L’expansion de l’univers aurait réduit les collisions, figeant le nombre de particules WIMP. Se basant sur ces hypothèses, les scientifiques ont calculé le nombre de particules qu’il devrait y avoir à ce jour. Leurs calculs donnent comme résultat un chiffre qui correspondrait à la quantité supposée de « Matière Noire » dans l’Univers. Coïncidence ou conditionnement?

Nous sommes alors en droit de nous poser la question de la relativité du poids des particules. N’avons-nous pas observé que le poids d’un objet augmente avec la vitesse? Lors d’un accident, un corps de 50 kg projeté à 50 km/h n’augmente-il pas de poids? Et si les collisions lors du Big Bang n’avaient pas détruit mais seulement transformé certaines particules en les rendant plus rapides, pendant que d’autres collisions de particules généraient la naissance d’autres WIMPs?

Et si, lors du refroidissement et de l’expansion, la matière la plus lente était celle qui est devenue visible ?

Et si, les WIMPs étaient à l’origine des trous noirs?

Et si, la différence entre énergie sombre et matière noire n’étaient qu’une question de vitesse?

Et si, la traversée des corps pas les WIMPs n’était qu’une question de vibration ou de fréquence liées à la vitesse?

Si matière visible et WIMPs ont été créés en même temps pendant le Big Bang, pourquoi ne les retrouverait-on pas dans les momentum de création de matière, comme dans les super nova ou les bulles galactiques observées par Cambridge ?

Le questionnement sur la quintessence de la vie nous embarque dans un voyage qui nous fait découvrir que l’énergie générée par les interactions dans notre univers est également un cycle qui se manifeste à tous les niveaux et dans toutes les dimensions de notre vie. Il nous fait découvrir que les choses peuvent être perçues directement ou indirectement, sans pour autant être vues. Ces interactions attribues à la matière noire ses lettres de noblesse dans le royaume de l’existence, induisant un cycle d’une remise en question perpétuelle.

C’est pour cela que nous devons continuer à creuser et à incorporer les interactions entre les savoirs, jusque-là distanciés, dans le but de repousser les limites de nos connaissances et de redéfinir de notre réalité.

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